Le laboratoire étudie les interactions cellulaires à courte distance (au sein des tissus et tumeurs), et à longue distance (échanges inter-organes et systémiques) au cours du développent de tumeurs solides. Notre stratégie consiste d’abord à utiliser l’organisme modèle Drosophila melanogaster pour effectuer des observations originales et disséquer leur mode d’action grâce aux outils génétiques puissants disponibles chez la drosophile, puis à étendre nos observations à des modèles pertinents pour le cancer: lignées de cellules cancéreuses et modèles murins.
Projet 1 : Voie de signalisation Hippo (Dr L. Heron-Milhavet)
La signalisation Hippo est une voie suppresseur de tumeurs souvent dérégulée dans les cancers. Nos travaux ont permis d’identifier deux régulateurs de cette voie de signalisation. Nous avons montré chez la drosophile que la protéine apicale Bbg, qui se lie au cytosquelette de Spectrine, régule le cytosquelette d’actine sous-cortical et participe à l’activité de Yki, le facteur de transcription terminal de la voie (homologue de YAP et TAZ ; Forest et al., J. Cell Biol. 2018). Nous avons également montré que la protéine apicale MAGI1, régule les activités de la voie Hippo et de la voie P38 dans les cellules de cancer du sein de type luminal (Kantar et al., Sci Reports 2021).
Nous étudions actuellement le lien entre la voie Hippo et la résistance aux chimiothérapies dans le cancer colorectal.
Projet 2 : Relations écologiques entre cellules : compétition cellulaire (Dr P. Lassus)
Pour mieux comprendre les relations écologiques entre cellules, nous nous intéressons au phénomène de compétition cellulaire qui aboutit dans un tissu à l’élimination des cellules les plus faibles (perdantes) par les cellules les plus fortes (gagnantes). Ce mécanisme permet la sélection des cellules les plus aptes pour optimiser un tissu et représente un mécanisme anti-tumoral pour éliminer localement les cellules pré-cancéreuses. La compétition pourrait aussi expliquer la sélection progressive des sous-clones les plus agressifs au sein des tumeurs.
Nous étudions les mécanismes qui permettent l’élimination des cellules pré-néoplasiques avec une mutation pour le gène suppresseur de tumeurs scrib. Par différentes approches omiques et des screens génétiques, nous cherchons à identifier de nouveaux régulateurs de la compétition cellulaire et des voies de réponses au stress.
Projet 3 : Communications inter-organes pendant la cachexie associée au cancer (Drs C. Géminard & P. Senesse)
Nous avons développé des modèles non-mammifères de cachexie associée au cancer chez la larve de drosophile. Les tumeurs locales des disques d’ailes alimentées par une activation de la voie de signalisation Notch, induisent un effet systémique qui affecte l'ensemble de l'organisme. Les larves présentent une atrophie du tissu adipeux (le tissu blanc sur la figure ci-dessous), une désorganisation et une fonte musculaire (visualisée par le marqueur live Zasp66-GFP), une hyperglycémie et une inflammation. En utilisant ces modèles originaux, nous visons à identifier les messages échangés entre la tumeur et les organes affectés qui médient la cachexie. En parallèle, nous utilisons des modèles murins classiques de cachexie (tumeurs du colon C26 et tumeurs pancréatiques KPC) pour tester la pertinence de nos résultats dans des modèles mammifères.